Etat de l'Industrie du PC au 26/09/2003

nVidia en bave

Les problèmes ne sont pas près de s'arrêter pour nVidia. En effet, Massive a publié une nouvelle mouture de son benchmark AuquaMark 3, (download ici), et le resultat n'est pas très réjouissant.

En effet, selon Tom's Hardware, les scores de nVidia sont bien moindre que celles d'ATI, du moins avec le bon driver.

Eh oui, il semblerait que nVidia ait eu un problème avec la qualité du filtrage anisotropique dans les deux dernières versions publiées (la 45.23 et la 51.75). Ce n'est que la version 44.03 qui donne le bon rendu, mais les scores sont abominables (44839 pour ATI, 25128 pour nVidia).

nVidia a promis la correction de ces problèmes, mais on voit mal comment ils pourront et corriger et maintenir la performance.

Le nouvel AMD 64 est arrivé !

Selon cet article sur Tom's Hardware, les performances du nouvel AMD 64-bit sont intéressantes. Bien sûr, une comparaison avec le P4 au FSB de 533Mhz donne AMD gagnant en bande passante. En effet, le P4 en question peut transporter jusqu'à 3,97 GB/s, mais il ne peut le faire que dans un sens à la fois. AMD a réussi, dans son chip 64-bit, à faire passer 3,2 GB/s, mais dans les deux sens simultanément. Donc avantage AMD.

Un problème est déjà en discussion, avant même de parler de la disponibilité des CPU eux-mêmes : la RAM risque de manquer. Il semblerait qu'AMD a prévu d'utiliser uniquement de la RAM DDR400 certifiée, et il y a une seule société qui, à l'heure actuelle, se soucie d'en commercialiser - Corsair. En fait, ce type de RAM n'est même pas encore commercialisé, il n'y a aucune demande (ou presque). Si tant est que les CPU 64-bit soient disponibles en quantités suffisantes (ce qui reste à démontrer), il y a donc de fortes chances pour que seul une maigre portion d'acheteurs aient la RAM qui va avec.

Bien sûr, AMD ne va pas garder les choses en l'état, et une version supportant la RAM non certifiée verra bien le jour. Selon AnandTech, cette nouvelle mouture futur verra le jour l'année prochaine.

L'orage continue pour nVidia

Pour ne rien atténuer dans la houle qui perturbe les actionnaires de nVidia en ce moment, le chipset nForce 3 - prévu pour être le partenaire de lancement de l'AMD 64, présente des problèmes de performance, surtout en AGP. La bande passante de ce chipset est fixé à 5,5 GB/s, contre 5,6 GB/s pour la K8T800 de Via Technologies. La bande passante, ça va encore, mais les performances AGP se doivent d'être maximales pour un CPU dont le marché essentiel est ciblé sur les joueurs. Autrement dit, il fait chaud pour les ingénieurs californiens en ce moment.

AMD pas gagné d'avance

La semaine précédent le lancement planétaire du nouveau CPU 64-bit, Intel a (presque discrètement) distribué une nouvelle mouture de son P4 - la P4EE. Avec des fréquences de 3,2 à 3,6 Ghz, cette nouvelle version de P4 écrase (dans Quake uniquement) les performances du nouveau cheval d'AMD par une marge de 13% à presque 21%. Mais le P4 reste un CPU 32-bit, et ne doit son avantage qu'à l'augmentation de la taille de la mémoire cache (qui est passée de 512 KB à 2 MB).

De plus, AMD passe assez souvent devant tout le monde dans une bonne partie des benchmarks - mais avec le chipset Via, et pas avec celui de nVidia. Dans Return to Castle Wolfenstein, le P4 prend une avance de 10,4%, à 190 contre 172 images/seconde. Je veux pas dire, mais que celui qui peut voir cette différence à l'oeil nu se lève.

Ne parlons même pas du P4 traditionnel, qui se fait laminer presque partout (une seule exception et c'est pas dans un jeu). Cependant, parfois le bon vieux P4 nous fait encore une surprise et se place assez près de l'AMD. On peut dire qui part avec les honneurs.

Ne négligeons pas le fait que, en dehors des jeux, les performances d'AMD restent encore en-dessous de celles du P4 (oui, même le normal). En encodage audio ou vidéo, Intel garde la main et se permet d'infliger des écarts encore importants (15%, 177 secondes pour le P4EE, 202 pour le premier AMD). Il est cependant bon de souligner que les tests ont été faits avec des logiciels compilés pour Intel (donc, 32 bits et jeux d'instructions avec des implémentations différentes). Donc, à refaire avec les mêmes compilés pour AMD, pour constater la différence.

Là où ça fait très mal, c'est le benchmark Seti. Un bon Opteron (64-bit aussi) peut sortir une unité en à peine 34 minutes, alors que le premier AMD FX a besoin de rien moins qu'UNE HEURE QUARANTE-CINQ. Il semblerait que les performances en calcul 32-bit n'aient vraiment rien gagné sous l'AMD FX.

Mais, dans toutes ces données, il y en a une qui remets les pendules à l'heure : le prix. L'Opteron coûte $500. L'AMD FX coûtera $800 (ouille). Le P4EE coûtera $850. Pour enfoncer le clou, le prix de la config test pour AMD FX revient plus cher que celui pour le Intel P4EE. Il me semble clair que la réputation d'AMD-équivalent-Intel-pour-moins-cher va sérieusement prendre du plomb dans l'aile. Pour $500, cela dit, on a apparemment un bon CPU.

En conclusion, Intel réussi quand même à garder la main avec le P4EE dans la majorité des tests. Cependant, certains facteurs doivent être pris en compte. Ces tests ont été faits avec une version 64-bit de Windows qui n'est pas encore finalisé. Beaucoup des tests utilisés étaient optimisés pour Intel - surtout dans le domaine vidéo et audio. Finalement, si le P4EE a encore une avance sur AMD, il ne faut pas oublié qu'il n'est rien d'autre qu'un bête P4 gonflé aux amphétamines. Le fait de quadrupler sa RAM cache de 2e niveau est la seule et unique cause de cette pseudo-victoire.

Le nouveau FX de AMD va avoir du mal à s'imposer malgré tout. Son prix et surtout le manque de logiciels adaptés vont évidemment faire blocage à son adoption. Mais à part cela, cette épisode montre qu'Intel peut parfois se résoudre à des maneuvres digne d'une maternelle afin de garder son nom en tête. Le P4EE est condamné d'avance. Il ne représente rien en matière de technologie, et il n'est même pas certain qu'il soit commercialisé "pour de vrai" (je veux dire, disponible pour le consommateur lambda). Il suffit qu'AMD nous sorte une FXEE avec 2MB de RAM 2e niveau pour vraisemblablement voir l'avantage Intel fondre comme neige au soleil. De toute façon, $800 est une gamme tout à fait hors de portée des acheteurs moyens, donc les ventes seront par définition réduites à la portion congrue. Ce qui fait que tout cela est beaucoup plus du marketing qu'autre chose, à l'heure actuelle en tout cas.

Linux se dore la pilule

L'heure de Linux a apparemment sonné. En effet, cet article sur un site de journalisme technologique souligne des chiffres intéressants sur la progression de Linux dans le monde. Le Japon, la Chine et la Corée du Sud ont un accord pour mettre au point des systèmes alternatifs (Linux n'est pas cité, mais personne n'est dupe). L'Inde trouve que Linux est une solution parfaite pour éviter une dépendance sur des ressources technologiques des pays riches. Le gouvernement du Brésil considère une politique de reconversion à 80% vers des systèmes et logicials "Open Source". La plus grosse partie de l'Amérique du Sud prend le même chemin, et le Pérou a même publiquement humilié Microsoft qui a déclaré que les logiciels "libres" sont une concurrence déloyale (le culot, quand même).

Le Pakistan installe 50000 ordinateurs basés sur Linux. La Thailande voit son système éducatif presque exclusivement sur Linux. La Malaisie étudie ce genre de projet.

Au niveau de l'industrie, Linux a remporté quelques gros succès aussi. Reuters a décidé de mettre son Market Data System dessus, et Ford a migré sur l'OS du pingouin pour un nombre inconnu de serveurs.

Bref, Linux se dore au soleil en ce moment. Et, plus il y aura de pays et d'écoles qui travailleront sur Linux et ses dérivés, plus nous verrons dans le futur des pans entiers de l'univers informatique oublier les fenêtres ouvertes de Microsoft. L'article conclu de façon particulièrement enthousiaste à propos de l'avenir du pingouin, en disant "..nous nous attendons à ce que Linux devienne le standard, et à ce que les autres systèmes soient obligés d'intégrer un mode "Linux virtuel" s'ils veulent survivre".

Billou doit en faire des cauchemars chaque nuit.